Pour réduire les consommations énergétiques du parc tertiaire, il n’y a pas de temps à perdre ! C’est en tout cas la conviction partagée par Augustin Bouet, Directeur Grands Compte chez Hellio, François-Michel Lambert, Député des Bouches-du-Rhône, Lionel Guy, Chef du service Energies renouvelables à la FNCCR (Fédération des collectivités concédantes et régies) et Loïc Lengrand, Responsable Marketing clientèle chez Schneider Electric. Retour sur leurs échanges dans le cadre d’une table-ronde organisée par le spécialiste de la transition énergétique Hellio.
Pour le Haut Conseil pour le Climat (HCC), les émissions de gaz à effet de serre baissent trop lentement dans le bâtiment. Pourtant, la maîtrise de l’impact carbone et des consommations d’énergie dans le secteur est une volonté affichée des pouvoirs publics, illustrée notamment par la publication du Décret tertiaire en 2019. Pour rappel, ce décret fixe des objectifs de réduction des consommations énergétiques de – 40 %, – 50 % et – 60 %, qui s’échelonnent de 2030 à 2050, et en détaille les modalités. « Ce texte représente une réelle avancée, souligne Loïc Lengrand, puisqu’il s’intéresse au bâtiment existant, où le gisement d’économie est bien plus important que dans le neuf. »
Pas de temps à perdre !
Pour le député François-Michel Lambert, « il n’y a plus de temps à perdre pour le milliard de m² du Tertiaire, alors que le Plan France Relance consacre 4 milliards d’euros pour aider la filière à rénover son parc. Porté par les décisions et les engagements nationaux, il faut se mettre en ordre de marche pour agir. » Mais comment l’Etat, les collectivités locales, les structures parapubliques pilotent-ils cette transition ?
Un mode d’emploi des projets de rénovation énergétique ?
Dans cette perspective, Lionel Guy, représentant du réseau des services publics FNCCR, précise les atouts du dispositif des CEE (Certificats d’Economie d’Energie), pour accélérer la rénovation des bâtiments publics, en donnant les moyens aux collectivités de mettre en œuvre des projets d’efficacité énergétique des bâtiments publics. « Pas facile pour les collectivités de monter des opérations de rénovation thermique, surtout les plus petites, constate-t-il. La France est en effet un territoire fragmenté comptant 30 000 communes de moins de 2 000 habitants. Les technologies existent, les aides financières sont intéressantes, mais les collectivités manquent de modes d’emplois pour organiser une vraie stratégie sur les territoires. »
Des territoires très volontaires
L’implication des collectivités est pourtant réelle, comme l’indique Augustin Boué : « Les territoires ont souvent joué le rôle de démonstrateurs. De nombreux anciens bâtiments, comme des écoles, des gendarmeries, des bureaux de postes… ont été transformés en commerces dans le cadre de collaborations public/privé. » En tant qu’ancien conseiller local, Loïc Lengrand surenchérit : « Je peux en effet témoigner que les territoires sont très volontaires. Beaucoup mettent en œuvre des solutions d’efficacité énergétique passive, de type isolation, mais ils sont de plus en plus nombreux à opter pour des solutions d’efficacité énergétique active. » De nombreux exemples illustrent cette évolution et le champ des possibles offerts aux collectivités. Schneider Electric a ainsi équipé le groupe scolaire de Mongré à Villefranche-sur-Saône, qui accueille 2 000 élèves de la maternelle au baccalauréat, avec un système de pilotage énergétique performant. Cet exemple montre qu’il est possible d’adapter un bâtiment du 19e siècle aux exigences du 21e siècle. Autre cas : la métropole de Dijon pilote 200 sites connectés à partir d’une plateforme numérique Schneider Electric, qui permet de réguler les consommations énergétiques et le confort sur le terrain. « Aujourd’hui, les collectivités ont dépassé les expérimentations au cas par cas. Elles sont en phase de massification des rénovations énergétiques, » confirme Lionel Guy.
Le contexte local des projets
« Récemment, nous avons lancé une solution digitale bien adaptée aux bâtiments publics qui doivent répondre aux exigences du Décret Tertiaire, poursuit Loïc Lengrand, fruit du partenariat entre la startup Wattsense et Schneider Electric : un système de gestion technique du bâtiment simple, interopérable, abordable, facile à mettre en œuvre et capable de communiquer directement avec la plateforme OPERAT (Observatoire de la Performance Energétique, de la Rénovation et des Actions du Tertiaire). » Ajoutons que, sur le terrain local, l’ingénierie joue un rôle clé pour atteindre les objectifs du Décret Tertiaire. Pour les accompagner, Schneider Electric fournit gratuitement un configurateur de cahiers des charges CCTP, conforme aux marchés publics. Sans oublier les intégrateurs systèmes du programme EcoXpert de Schneider Electric, qui ont été formés au contexte normatif.
« On ne peut pas tout attendre de l’Etat, pour massifier les rénovations des bâtiments sur le territoire et l’exploitation du numérique, conclut François-Michel Lambert. Il faut qu’on se saisisse du sujet, qu’on forme et qu’on ouvre des chantiers, pour réussir collectivement la transition écologique sur les territoires. »
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