La durabilité n’est plus seulement un impératif environnemental. Il existe également de bonnes raisons économiques de décarboner. René Meuleman explique pourquoi une approche Industrie 4.0 du contrôle des process est la clé pour équilibrer la rentabilité et les objectifs de neutralité carbone.
L’industrie mondiale du verre entre dans une nouvelle ère de fabrication écologique, dans laquelle elle doit ramener ses émissions totales de carbone à zéro au cours des deux prochaines campagnes de fours. Cela signifie qu’elle doit abandonner les combustibles fossiles au profit de sources d’énergie alternatives et durables, très probablement l’énergie électrique, mais aussi l’hydrogène, les biocarburants ou une combinaison de ces sources d’énergie. Il s’agit d’un changement complexe, non seulement d’un point de vue technologique, mais aussi d’un point de vue commercial. Il y a de nombreuses complications à surmonter.
L’essentiel est de continuer à gagner de l’argent pour financer les changements technologiques nécessaires à la survie de l’entreprise, en gérant les dépenses d’investissement et, plus particulièrement, les dépenses d’exploitation. Entre-temps, une nouvelle génération de travailleurs entre dans l’industrie, remplaçant la plupart des travailleurs expérimentés. Le changement technologique qui doit être introduit dans cette nouvelle ère de la fabrication du verre aura en fait un impact plus important sur l’industrie que l’introduction des procédés Pilkington ou NNPB [narrow neck press and blow] du passé.
Le moindre détail compte
Plus que jamais, le process de fabrication du verre devra rechercher la moindre amélioration contribuant aux revenus et aux bénéfices, en tirant des économies de chaque parcelle de flexibilité du process disponible. Pour soutenir ces avancées opérationnelles, le contrôle des processus et l’analyse des données devront s’adapter de manière substantielle. La façon dont l’énergie est payée changera, le mélange d’énergie utilisé changera, et la façon dont l’énergie entre dans le processus changera. Les fabricants devront s’assurer qu’ils bénéficient des tarifs énergétiques les plus bas possibles, qu’ils respectent les objectifs en matière d’émissions de CO2, qu’ils maintiennent la flexibilité de la fabrication et qu’ils maximisent la production et le rendement tout en satisfaisant les clients à tout moment.
Industrie du verre 4.0
Les paramètres impliqués ne s’amplifient pas nécessairement les uns les autres en travaillant dans la même direction. En règle générale, chaque avantage s’accompagne d’un inconvénient, de sorte que la seule option consiste à ajuster tous les paramètres de manière à en tirer le meilleur parti. Au cours des prochaines décennies, l’industrie sera confrontée à un énorme changement technologique au cours duquel les travailleurs les plus expérimentés seront remplacés par des jeunes enthousiastes mais inexpérimentés, et le processus de fabrication s’éloignera des combustibles fossiles pour commencer à utiliser des sources d’énergie alternatives. Dans le même temps, il est important de veiller à ce que le verre reste le matériau d’emballage privilégié pour les aliments et les boissons, afin de rendre les véhicules et les bâtiments plus efficaces sur le plan énergétique et de contribuer à un monde meilleur. L’industrie doit maintenir sa licence sociale d’exploitation et cela nécessitera l’utilisation des dernières technologies numériques. Considérez cette transformation comme l’industrie du verre 4.0.
Les données sont au cœur des pratiques durables
Le développement du contrôle des process au cours des 25 dernières années a abouti à une technologie établie, capable de résoudre les équilibres complexes mentionnés ci-dessus. Cependant, l’approche traditionnelle tend encore à traiter chaque partie du processus séparément. Une partie importante de la transformation visant à atteindre l’équilibre entre la durabilité et la rentabilité consiste à commencer à traiter le processus dans son ensemble, comme un processus multi-variable. Par conséquent, le centre de traitement par lots, la production à chaud, le formage, la production à froid, la qualité, l’emballage et l’entrepôt ne peuvent plus être considérés comme des systèmes distincts. Il faut commencer à intégrer que chacun d’entre eux fait partie du résultat global et a un impact sur celui-ci. Toutes les parties interagissent les unes avec les autres et doivent donc être contrôlées en même temps.
Contrôler correctement le processus d’un bout à l’autre améliorera le processus dans son ensemble. Avec l’infrastructure adéquate et des données exploitables, le développement durable peut être intégré à l’ensemble du cycle de production, en englobant tous les aspects, de la gestion de la chaîne d’approvisionnement au contrôle de la qualité de la fabrication du verre, en passant par la consommation d’énergie et le recyclage.
Prendre les bonnes mesures ensemble
Avec l’essor des énergies renouvelables et des ressources énergétiques distribuées, les entreprises ont la possibilité de devenir plus rentables à long terme. En associant les informations énergétiques à des outils d’analyse qui formulent des recommandations opportunes basées sur des données historiques et en temps réel pertinentes, la transformation numérique peut placer l’économie d’une entreprise sur une base durable et accélérer sa transition vers une fabrication de verre à faible émission de carbone.
En progressant activement, la quantité d’énergie électrique nécessaire à la fabrication du verre augmentera de manière exponentielle. Le moment est venu de donner à l’industrie les moyens de tirer le meilleur parti de l’énergie et des ressources, et de faire le lien entre le progrès et la durabilité pour tous. Trouver le juste équilibre entre durabilité et rentabilité nécessite des connaissances et des compétences spécifiques qui ne sont généralement pas disponibles auprès des fournisseurs traditionnels de matériel de four et d’équipement de traitement. Travailler avec un partenaire de confiance pour exploiter les technologies numériques et électriques et imbriquer les nouvelles technologies « de la maille au verre » aidera les fabricants à contribuer à l’économie à faible émission de carbone et à conserver leur licence sociale d’exploitation. En prime, les bouteilles en verre pourront continuer à être consommées, car le monde ne peut se passer de verre « vert » !
A propos de l’auteur :
Nous remercions tout particulièrement René Meuleman pour la rédaction de cet article. René a été directeur du développement commercial mondial pour le verre chez Eurotherm by Schneider Electric jusqu’en février 2021. Fort d’une expérience dans le développement d’équipements électroniques de qualité pour la fabrication de verre d’emballage, il a participé à la première génération de systèmes PLC et DCS, ainsi qu’à des systèmes de chronométrage électronique pour les machines IS. Après avoir travaillé sur plusieurs projets de contrôle prédictif basé sur des modèles (MPC) et sur le développement de méthodes d’ingénierie orientées objet, René est devenu responsable du contrôle des processus dans le groupe BSN, puis du contrôle des processus des usines européennes et de l’électronique de formage au sein du groupe Owens-Illinois. Au cours des 13 années passées chez Eurotherm by Schneider Electric, il a été responsable du développement commercial du verre sur la base du portefeuille d’Eurotherm et de Schneider-Electric. Il a travaillé avec des équipes régionales d’experts du verre pour développer des systèmes de contrôle des processus et de l’énergie à haut rendement, innovants, pragmatiques et compétitifs, qui aident les producteurs de verre à atteindre leurs objectifs de durabilité et de réduction des émissions de CO2.
Cet article a été publié dans Glass Worldwide en février 2021.
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