L’année 2020 a été riche en événements pour l’Union européenne : un accord sur le Brexit, un plan de relance sans précédent de 750 milliards d’euros ou encore un traité d’investissement avec la Chine. Mais peut-être que la décision la plus importante prise par l’UE a été de faire passer l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % à 55 % d’ici 2030.
L’adoption d’un objectif climatique prévoyant une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % pour 2030 est un point de non-retour dans la manière dont les questions relatives au changement climatique régissent le développement économique en Europe.
En conséquence, les institutions européennes prévoient d’élaborer une série de propositions réglementaires ambitieuses pour promouvoir le développement durable dans tous les domaines. L’UE va modifier et/ou ajouter entre 30 et 50 réglementations dans les années à venir, lesquelles auront une incidence majeure sur nos sociétés, de la conception des batteries électriques au type de subventions accordées aux agriculteurs. La législation européenne en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique devra notamment faire l’objet d’améliorations importantes.
Concrètement, cela signifie que l’UE prévoit d’éliminer presque entièrement le charbon d’ici cette date, selon les experts. [1]. Le secteur du bâtiment et de l’électricité devrait ainsi apporter la contribution la plus importante et la plus rentable pour atteindre la réduction de 55 % des émissions. L’UE prévoit de faire rénover 35 millions d’unités de bâtiments d’ici 2030.
Le plan de relance, décidé au lendemain de la première vague de COVID-19 en Europe, a pour but d’alimenter le niveau d’investissement dans ce domaine, puisque plus de 37 % des 750 milliards d’euros doivent être consacrés aux questions climatiques dans les trois prochaines années.
Toutefois, atteindre l’objectif de 55 % représente également « un défi important en matière d’investissement », avertit la Commission européenne, qui précise que les investissements dans les énergies propres devront augmenter « d’environ 350 milliards d’euros par an » pour atteindre le nouvel objectif de 2030.
Le plan de relance comblera seulement en partie cet écart ; par conséquent, il sera crucial d’envoyer des signaux réglementaires associant niveau d’ambition élevé et attractivité économique pour obtenir des investissements privés massifs : « Bien comprendre les aspects économiques d’une décarbonisation poussée est essentiel pour la poursuite du processus », a affirmé sur l’un de ses blogs Simone Tagliapietra, du groupe de réflexion européen Bruegel. S’il est exécuté correctement, le pacte vert européen pourrait entraîner un effet domino sur les autres pays du monde. C’est l’avantage du premier entrant.
Certains exemples montrent que l’Europe peut gagner la course à l’investissement en envoyant un signal politique très fort. Par exemple, par le biais des efforts conjugués des institutions européennes et des États membres, l’Europe cherche à battre l’Asie dans le domaine de la production de batteries à coups de milliards : plus de 60 milliards d’euros ont été investis en 2019, soit 19 fois plus qu’en 2018. Pourtant, aucun fabricant de batteries n’existe en tant que tel en Europe pour prendre la tête du marché mondial dans ce domaine.
En conclusion, le principal facteur de succès du pacte vert européen est de permettre de créer le type d’entreprises de haute technologie dont l’Europe a grandement besoin pour retrouver sa compétitivité. L’une des bonnes résolutions du nouvel an pour l’Europe doit être que l’objectif de réduction de 55 % des GES d’ici 2030 entraîne des investissements massifs dans des secteurs clés comme la rénovation et l’électrification des bâtiments, où l’innovation numérique est au cœur des préoccupations.
[1] Climate Analytics, 2019
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