Directrice du SSIAD (Service de Soins Infirmiers à Domicile) du Sisteronais, Tania Jean est une professionnelle engagée. Elle s’est intéressée aux avancées apportées par le Ségur de la santé et aux opportunités qu’elle pourrait mettre en place au bénéfice des soins de ses patients et du bien-être de ses équipes. Interview.
Fabrice Broutin – Que retenez-vous du Ségur de la Santé, Tania ?
Tania Jean – J’aimerais avant tout saluer l’esprit général du Ségur et sa juste volonté de revaloriser les métiers en santé, tant du point de vue financier que sur la formation. C’est bon pour le moral des soignants, épuisés par cette crise sanitaire sans précédent liée à la pandémie. Cette première avancée valorise leur implication.
Trois autres piliers vont structurer le Ségur de la santé. En effet, non seulement le Ségur vise à augmenter les salaires, mais aussi à engager une politique d’investissement en faveur de la qualité des soins, de la rénovation des bâtiments, de l’acquisition d’équipements et de matériel médicosocial… Dans le cadre de ces financements, la priorité est donnée au digital : tablette numérique pour le lien social, capteurs IoT…
Ensuite, il convient de donner les moyens aux soignants de se concentrer sur les soins, en simplifiant les organisations dans les structures, en imaginant des outils pour travailler dans les meilleures conditions, en créant 15 000 emplois supplémentaires et en développement l’alternance.
Enfin, quatrième pilier : le Ségur encourage les partenariats entre les acteurs de santé et les collectivités. L’objectif est de renforcer le travail dans les territoires avec les ARS (Agences Régionales de Santé) et entre elles, en leur confiant 80 % des budgets pour favoriser les décisions à l’échelle régionale plutôt que nationale.
FB – Comment le numérique dans les bâtiments de santé va-t-il répondre au Ségur de la santé ?
TJ – Priorité du Ségur, le numérique est en effet un enjeu majeur dans la santé. Globalement, le secteur est en retard et encore plus dans les structures médicosociales qui partagent une vraie tradition de l’oralité. Pendant longtemps, on a eu du mal avec l’écrit et il faut que cela change, d’autant plus que le Ségur veut investir dans l’amélioration des parcours de santé, pour les rendre plus fluides. Il s’agira de développer les téléconsultations notamment, qui ont été nombreuses lors des confinements, souvent dans un cadre plutôt expérimental.
Le gouvernement propose par ailleurs une aide à l’investissement dans un logiciel mutualisé à l’échelle d’une ″grappe″. Une grappe correspond à un regroupement d’organismes gestionnaires autour d’un projet de Dossier Usager Informatisé commun. Ici, ce sont trois organismes, qui réunissent 15 établissements. Dans le cadre de ma structure, je fais partie d’un groupe de SSIADs et EHPADs en PACA et nous mutualisons certaines de nos données dans un unique logiciel de soins, financé par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie CNSA.
Sur la digitalisation des bâtiments, les EHPADs peuvent de surcroit bénéficier d’aides financières pour des outils domotiques, afin de permettre au personnel de travailler de manière plus fluide, mais aussi pour la rénovation des établissements, la construction d’appartements adaptés ou la création de structures. On va tous pouvoir travailler dans un vrai confort et c’est ce qui est appréciable.
FB – Comment le rapport interministériel sur ″l’Adaptation des logements, des villes, des mobilités et des territoires au vieillissement de la population″ du Président de l’association France Silver Eco Luc Broussy va vous aider dans le Ségur de la santé ?
TJ – Le rapport de Luc Broussy met en avant la nécessité de s’occuper des besoins de nos aînés et de soutenir le bien vieillir. Il avance dans cette perspective une trentaine de propositions, dont certaines sur l’accompagnement des personnes âgées pour adapter leurs logements, éviter les chutes ou renforcer le lien social.
Puisque nous sommes dans une démarche complémentaire avec le Ségur de la santé, le rapport Luc Broussy devrait nous permettre d’obtenir des financements pour des projets d’habitats inclusifs et des collaborations avec des bailleurs sociaux et des associations pour des appartements adaptés aux personnes âgées. Hier j’ai par exemple rencontré un Directeur d’EHPAD très enthousiaste à l’idée de créer des hôtels hospitaliers, disposant d’un pôle santé en commun, pour des seniors autonomes.
FB – Au-delà du Ségur de la santé, quelles sont les aides au financement des projets ?
TJ – Les possibilité d’aides sont nombreuses. Elles peuvent concerner l’achat de matériel, la mise en place d’un réseau numérique adapté ou le règlement d’une formation pour se connecter au profit des patients. Notre SSIAD est ainsi en train de se mettre aux normes côté informatique, pour être en mesure d’intégrer notre réseau de partenaires (le Centre Local d’Informations et de Coordination CLIC, la plateforme territoriale d’appui, la structure de rééducation de Sisteron, l’hôpital…). Nous allons ainsi pouvoir communiquer tous ensemble plus aisément et avoir un réseau informatique commun pour les patients que chaque partenaire accompagne.
Il est également possible d’obtenir une aide financière de l’ARS, via la CNSA, qui justement met en place un laboratoire de recherche sur les solutions de demain. Je suis très fière de faire partie des 30 membres permanents de ce laboratoire d’innovations.
La Conférence des financeurs propose aussi des financements pour aider des personnes âgées sur le numérique, au niveau des Conseils départementaux.
Les possibilités de soutiens sont nombreuses, surtout lorsque l’on entretient des liens privilégiés avec de nombreux partenaires sur le territoire, avec d’autres SSIADs, des EHPADs, l’hôpital. Cela nous permet de mutualiser nos moyens et avec le déploiement du numérique, c’est plus facile. Mais encore aujourd’hui, un réseau comme celui que nous avons organisé sur notre région n’existe pas ailleurs en France, alors qu’il agit comme un vrai catalyseur sur le territoire. A mon sens, il devrait devenir la norme. J’y crois beaucoup, alors on communique beaucoup à ce sujet, notamment sur LinkedIn. Retrouvez-nous !
Cet article a été rédigé par Fabrice Broutin, Directeur Santé pour Schneider Electric France
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