Nous sommes programmés pour vivre le jour et dormir la nuit : c’est le rythme circadien, qui régule nos fonctions biologiques et nos comportements selon un cycle de 24h. Or, ce rythme est souvent perturbé chez les personnes âgées, qui risquent de perdre leurs repères.
Dans les Etablissements d’Hébergement pour Personnes âgées Dépendantes (EHPAD), les déficits cognitifs peuvent s’accompagner de troubles du comportement et d’errance nocturne. Le Centre d’Expertise National des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’autonomie (CENTICH) en lien étroit avec Schneider Electric, entend évaluer au sein de l’EHPAD des Noisetiers à Angers, le potentiel de la domotique et des environnements adaptés pour contrer les effets négatifs de ces troubles. Ainsi l’équipement vise à favoriser le mieux-être des résidents et de leurs soignants.
En quoi consiste cette étude des effets de l’éclairage sur le rythme circadien ?
Nathalie Louis, ergonome au CENTICH – Le projet est né d’une discussion entre Jawad Hajjam, notre Directeur du développement, et un gérontologue qui évoquait les bénéfices de la lumière sur la santé et le comportement des personnes âgées. Il était nécessaire de croiser technique et médical afin de vérifier et d’affiner cette hypothèse, qui n’a pas été validée cliniquement. Si Jawad Hajjam ignorait encore si une solution technique existait, il avait piloté le projet d’appartement LENA (Logement Evolutif pour une Nouvelle Autonomie) à Saumur, aménagé avec des technologies numériques et domotiques pour faciliter le retour à domicile de personnes âgées après une hospitalisation. Ce projet innovant avait été conduit avec Schneider Electric. C’est la raison pour laquelle Jawad Hajjam a sollicité Schneider Electric et que nous avons démarré ensemble une réflexion sur un système domotique connecté au service de résidents ayant des troubles cognitifs, sujets à une errance nocturne. L’EHPAD des Noisetiers à Angers sera l’établissement choisi pour servir à l’expérimentation. Il est aujourd’hui en construction et les 90 chambres sont en passe d’être équipées.
Quel protocole d’expérimentation a été défini ?
Nathalie Louis –L’expérimentation entre dans le protocole du projet Asstimoove, mené en collaboration avec l’Université de Sherbrooke au Canada. Un des objectifs est d’étudier l’effet de divers éclairages sur les personnes âgées victimes de « déambulations » nocturnes. Elles se lèvent en pleine nuit, ayant perdu leurs repères dans le temps et dans l’espace. Les chambres des résidents seront équipées de lumières variables et programmables sur des plages horaires précises : un blanc chaud à 3 000 Kelvin pour la soirée et la nuit, générant une ambiance lumineuse plus apaisante, et un blanc plus froid à 4 000 K pour la journée lorsque l’on est plus actif. Les luminaires sont également équipés de variateurs afin de régler au plus près les besoins en lumière des résidents, en fonction des moments de la journée.
Les couloirs sont pourvus de détecteurs de présence et de luminaires sur variateurs. Si une personne âgée sort de sa chambre pour déambuler dans ces couloirs, un éclairage progressif se met en action. Les zones dangereuses, comme les escaliers, s’assombrissent, pour que la personne renonce à s’y diriger, tandis que des LED la guident vers une zone d’accueil beaucoup plus éclairée, où elle peut être prise en charge.
L’établissement des Noisetiers sera un EHPAD du futur connecté. Il aura d’autres équipements utiles aux résidents et aux professionnels de santé. Dans les chambres, de très nombreux scénarios sont mis en place. Pour n’en citer que quelques-uns, si le résident se lève de son lit la nuit, un capteur va allumer automatiquement une veilleuse et un chemin lumineux en direction de la salle de bain. Au coucher, la personne âgée peut déclencher la fermeture des volets roulants, l’extinction du plafonnier et l’allumage de l’applique de lit depuis un bouton poussoir ou une tablette numérique. A l’heure du petit déjeuner, le personnel appuie sur un interrupteur pour éclairer en douceur la chambre, en ouvrant à 30 % les volets et en allumant la veilleuse au-dessus du lit. Des capteurs de présence dans la salle de bain peuvent donner l’alerte en cas d’inactivité prolongée de la personne âgée… Derrière chaque scénario, nous avons mis en place des actions volontaires ou des automatismes qui jouent sur l’éclairage ou les alarmes.
Quels sont les moyens techniques mis en œuvre ?
Eric Civray, Responsable ECoBuilding – Silver Economy pour Schneider Electric – C’est la première fois qu’une telle expérimentation est conduite dans un EHPAD en France. Nous avons mené une réflexion poussée sur le sujet avec le Directeur du développement du CENTICH, afin de recréer des cycles de jour et de nuit dans les chambres, et rédigé ensemble le cahier des charges pour l’installateur. L’éclairage par différentes nuances de blanc, du plus froid au plus chaud, est assuré par un actionneur DALI qui pilote à la fois la luminosité et différentes « chaleurs » de lumière. Ces niveaux d’éclairage pourront également être utilisés pour s’adapter aux besoins de certains patients. Ceux qui sont trop calmes pourront bénéficier de lumière froide, qui stimule l’attention, et ceux trop actifs, seront baignés dans une lumière plus chaude, au potentiel apaisant. Chaque chambre est équipée d’un contrôleur HomeLYnk, capable de piloter les scénarios de chauffage, des ouvrants et de l’éclairage. Il permet aussi d’envoyer des alertes et de tracer des courbes d’actimétrie. Dans les couloirs, la solution proposée est composée d’une passerelle DALI et de détecteurs de présence, associé à un système KNX. Enfin, la supervision centrale de tout l’EHPAD est assurée par la solution Wonderware de Schneider Electric Software. Avec la maison de retraite des Noisetiers à Angers, l’EHPAD du futur sera bientôt en activité. Les premiers résidents emménageront en mai prochain.
Si vous voulez en savoir plus sur cette expérimentation et sur l’utilisation des objets connectés dans les EHPAD et les résidences séniors, assistez à la Table Ronde « L’IoT au service des Seniors » le 6 avril à 15h15 lors de l’événement Innovation Summit Paris. Jawad Ijjam, Directeur du développement du CENTICH, sera présent.
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