Quelles possibilités ouvre la vague de fond de l’Internet des Objets pour le secteur du bâtiment tertiaire ? Michel Ramser, VP Product Marketing Schneider Electric détaille le contexte des évolutions technologiques et d’usages qui bouleversent aujourd’hui les grands bâtiments et analyse l’impact stratégique qu’ont ces changements pour les professionnels.
Quel regard portez-vous sur la tendance de l’Internet des Objets ?
Le secteur des grands bâtiments tertiaires à tout à gagner de l’explosion des objets connectés. Les opportunités sont nombreuses pour les sièges d’entreprise, les tours « multi-tenant » et les campus d’universités par exemple. Dans tous ces bâtiments, il existe des Building Management Systems (BMS). A l’origine, ce système de contrôle ne gérait que la climatisation, les systèmes chaud/froid, dans un environnement mécanique. C’était le premier élément mis en place à la construction d’un bâtiment. En revanche, la couche « informatique » était ajoutée en dernier lieu. Ce modèle a volé en éclat aujourd’hui, ce qui induit des conséquences en cascades pour tous les acteurs du bâtiment.
Comment cela ?
Sur le chemin de la convergence informatique, le BMS migre vers le protocole IP et se juxtapose donc naturellement avec le système informatique au global. Cela signifie que le mode de communication standard IP permet à tous les systèmes de se comprendre et d’interagir. Cette convergence permet de repenser et d’élargir fondamentalement le rôle du BMS, qui se voit offrir l’opportunité d’accéder à toutes les fonctionnalités dans le bâtiment, de l’éclairage au contrôle des stores, en passant par la gestion du confort ou même la gestion du dispatching des énergies renouvelables. C’est d’autant plus avantageux que le BMS est de toute façon présent dès le départ. Il est donc possible de capitaliser sur l’existant, en centralisant une gestion autrefois éclatée et en évitant d’avoir à multiplier les systèmes.
Pourquoi a-t-on le sentiment que tout s’accélère aujourd’hui autour de l’IoT ?
L’une des principales raisons est la maturité très importante qui a été gagnée en quelques années sur le sujet du Cloud Computing. Cela a permis d’ouvrir des opportunités complètement nouvelles. En déportant la puissance informatique des « objets » dans le Cloud, on peut ne conserver localement que l’essentiel de l’exécution. Cela permet d’installer des objets et des capteurs très autonomes, avec des batteries qui peuvent tenir dix ou douze ans. Les données recueillies seront, elles, exploitées dans le Cloud et croisées avec d’autres pour fournir des fonctionnalités et services très pratiques.
Par exemple ?
Des réseaux de capteurs innovants dans les bureaux permettent aujourd’hui de savoir à distance si un poste de travail est libre dans un open-space, et d’y associer des capacités de gestion d’agenda. Mieux, des capteurs qui comptent les personnes présentes dans une pièce permettent d’établir précisément, en fonction de la dimension du lieu, si celui-ci est sous ou surutilisé. Le lien avec les capacités historiques du BMS devient alors très intéressant, car il est possible d’en déduire automatiquement le fonctionnement de la climatisation ou le renouvellement de l’air. Les applications sont infinies : des capteurs sur les machines à café pour anticiper le réapprovisionnement en eau et dosettes, ou encore la programmation beaucoup plus efficace de l’entretien des bureaux, en détectant automatiquement qu’une salle est libre et qu’elle a besoin d’être nettoyée parce qu’elle a été beaucoup utilisée dernièrement. C’est un levier direct pour réduire les frais de nettoyage souvent astronomiques dans les grands bâtiments. De fait, l’IoT influence un nouveau monde organisationnel pour améliorer l’efficacité des routines des acteurs et être au plus près des besoins réels. Il donne aussi l’occasion d’aborder avec une vision cohérente, d’un seul tenant, le confort « physique » (lumière, air, chaud/froid…) et le confort « opérationnel » (fonctionnement des outils, connectivité…) des collaborateurs.
Au final, ce sont des changements importants pour les entreprises qui en bénéficieront… mais pour les professionnels de la filière, en particulier la communauté EcoXpert ?
Ce sont avant tout de nombreux nouveaux marchés qui s’ouvrent, à la fois pour le neuf et pour la rénovation. C’est réellement une opportunité massive qui va se présenter d’ici un à trois ans. Les demandes pour la mise à niveau de bâtiments, mêmes récents, vont se multiplier. Pour pouvoir y répondre, il va toutefois falloir une bonne dose d’adaptation. Le plus gros changement réside en effet dans l’abandon des réseaux propriétaires au profit du réseau IP. Les metteurs en œuvre vont devoir apprendre à connaître et à maitriser ce nouveau monde de l’informatique. La position de mono-spécialiste mécanique et/ou électronique ne sera plus tenable longtemps. Les entreprises de taille modeste pourront commencer par se spécialiser sur certains aspects, mais les poids lourds ont tout intérêt à fédérer autour d’eux l’ensemble des services et usages que nous avons abordé précédemment. Les EcoXperts ont une longueur d’avance.
Cela signifie aller chercher de nouvelles compétences, revoir son organisation ?
Pour rester pertinent, au-delà de l’expertise à acquérir sur le réseau informatique, il va falloir s’intéresser assez vite à de nombreux univers connexes. La cybersécurité par exemple est un sujet fondamental pour les objets connectés, du fait de leur lien étroit avec le système d’information. D’un point de vue plus « offensif », les analytics, le prédictif, vont devenir l’un des leviers les plus importants pour apporter une valeur significative aux clients. Ce sont ces outils et ces savoir-faire qui permettront notamment de sortir d’une approche de la maintenance où le nombre d’interventions est fixé annuellement, pour entrer dans une démarche proactive, beaucoup plus fine. Celle-ci offre une réponse séduisante à deux des attentes principales des résidents des grands bâtiments : l’amélioration de leur productivité et le fait que le fonctionnement quotidien de leur organisation ne soit pas perturbé par des interventions extérieures. Les EcoXperts qui prennent ce positionnement proactif grâce à une bonne compréhension des enjeux IoT auront donc, littéralement, un avantage concurrentiel sur leur marché.
Pour en savoir plus :
Des informations sur le bâtiment connecté http://www.se.com/fr/fr/work/webmarketing/batiment/evenements-batiment-showroom.jsp et http://www.se.com/fr/fr/work/webmarketing/building-is-on.jsp
Pour mieux connaître le programme EcoXpert : https://youtu.be/CeAaYmPY9zo
Conversation
eric szymkowiak
8 ans ago
N’oubliez pas les objets connectés via des protocoles non IP comme le SMS, LoRa, SIGFOX… et tous les protocoles à venir.
La clef réside dans la facilité d’intégrer tous ces sensors. Pilot Things est un logiciels qui permet de réaliser facilement cette intégration.