La Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie (DRIEE) d’Ile-de-France vient de publier une brochure sur la réalisation de smart buildings dans le domaine tertiaire, dans le neuf comme en réhabilitation. Thierry Djahel, Directeur du Développement et de la Prospective au sein de la Division Buildings de Schneider Electric, conseille aux Maîtres d’Ouvrages de consulter cette plaquette. Ses explications.
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Nous entrons dans l’ère des bâtiments à énergie positive, des BEPos, des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment.
Il est aujourd’hui urgent de bien en maîtriser les principes et de bien en appréhender les bénéfices. Les exemples de smart buildings présentés sur la plaquette de la DRIEE Ile-de-France ont permis de forger des premières expériences. Ces bâtiments intelligents préfigurent ce que seront les BEPos de demain. Ainsi, le Green Office® de Meudon (92), livré dès juillet 2011, est le tout premier immeuble de bureaux à énergie positive de grande envergure en France. Il concentre un grand nombre de solutions qui permettent de réduire les consommations énergétiques et de produire de l’énergie renouvelable, mais aussi de garantir de bonnes conditions de confort. Bouygues Immobilier est pleinement satisfait par le modèle mis en place et les performances obtenues. À tel point que, depuis, d’autres bâtiments Green Office sont sortis de terre.
Plus récent, le cas du siège de Morbihan Energies (SDEM) à Vannes (56), récompensé par le trophée Smart Awards 2013, est également exemplaire. Ce projet constitue le premier démonstrateur prototype d’un système de stockage et de gestion de l’énergie ʺSmartGrid Readyʺ en France.
La brochure permet de recueillir les retours d’expériences et les témoignages des exploitants et des utilisateurs de ces smart buildings et de mieux en mesurer les atouts au quotidien. Elle fournit également une vision synthétique des étapes de réalisation d’un smart building.
Quels sont les grands enseignements des premiers smart buildings ?
Pour obtenir des BEPos, il faut recourir aux énergies renouvelables. Pas comme nous le faisons aujourd’hui. Nous nous orientons plutôt vers un modèle d’autoconsommation et c’est ce que nous testons avec le bâtiment du SDEM, avec un ensemble d’automatisation de nouvelle génération, chargé de gérer les flux d’énergie en arbitrant les scénarios entre l’autoconsommation, le stockage ou la mutualisation de l’électricité au niveau du quartier. Il faudra également intégrer des solutions de stockage performantes, pour disposer à tout moment, d’une énergie disponible et fiable.
L’association de systèmes de conversion électrique et de batteries lithium/ion aide le SDEM à optimiser son autoconsommation d’énergies renouvelables et d’autres ressources énergétiques sur site, à rationaliser les factures énergétiques et à participer de façon plus rémunératrice aux programmes de modulation d’électricité. Les expériences des premiers smart buildings montrent notamment à quel point la phase de réflexion en amont du projet est importante, entre les différents acteurs des filières électrique et BTP, mais aussi avec les utilisateurs finaux. Elles montrent aussi que le suivi des performances en aval des réalisations est essentiel. L’analyse des bilans de consommation et de la gestion technique du bâtiment permet d’élaborer des actions correctives ou d’envisager des évolutions éventuelles des bâtiments. C’est la mission de l’Energy Manager, dont le rôle devient crucial dans les smart buildings.
Les premiers bâtiments montrent enfin qu’il est possible d’apporter des nouveaux services aux usagers, pour rendre les smart buildings encore plus attractifs, productifs et économes.
Et maintenant ?
Maintenant, nous attendons une volonté forte et de nouveaux investissements de la part de l’Europe pour concevoir et expérimenter des solutions de stockage moins chères et plus écologiques. C’est une étape essentielle. Nous entrevoyons d’autres avancées. Déjà, une loi sur l’autoconsommation des bâtiments devrait être votée d’ici à 2017. D’ici deux ans aussi, le dispositif de capacité encadrant le mécanisme d’effacement de l’énergie va être lancé. L’arrêté approuvant les règles de ce futur mécanisme a été publié le 25 janvier dernier. Ce dispositif vise à garantir l’équilibre du réseau électrique français, en limitant les consommations aux heures de pointe et/ou en assurant la disponibilité des moyens de production pour répondre à ces pics. Cela permettra de mettre en place une tarification de l’énergie plus dynamique qu’aujourd’hui, au-delà des tarifs heure creuse/heures pleines, pour choisir en temps réel l’électricité utilisée par le bâtiment en toute connaissance de cause : énergie renouvelable locale, du réseau ou issue de l’effacement ?
La brochure est consultable sur le site du Gimélec, qui a contribué au comité de pilotage http://bit.ly/1AdbJLb
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