Quelle est la vision du design portée par Schneider Electric ?
Pour nous le design c’est d’abord l’ergonomie : concevoir des solutions en nous préoccupant de l’usage et des usagers. Le design est fait pour nous servir et non nous desservir.
Aujourd’hui, nous parlons de plus en plus de systèmes et tout se complexifie. Notre rôle en tant que designer, est que cette complexification des éléments, des produits et des appareils reste simple pour les utilisateurs. Sur le long terme, notre objectif est que le système reste très simple à utiliser, malgré la complexité qu’il y a derrière.
Le concept de notre travail nous l’avons appelé la « Bi-face Strategy », parce qu’historiquement, Schneider Electric fournit des solutions pour les professionnels. Ils utilisent nos produits régulièrement, ils les installent régulièrement, parfois plusieurs fois par jour. Nous ne voyons donc pas pourquoi les professionnels n’auraient pas le droit à une ergonomie sans faille.
Plus récemment, nous nous sommes tournés vers le BtoC, avec des produits grand public. Il est aussi important pour ces personnes-là d’avoir un produit facile à utiliser. C’est pourquoi nous regardons beaucoup ce qu’on appelle l’expérience d’usage : comment utilise-t-on un objet le plus facilement possible ?
C’est quelque chose d’important, car nous avons des appareils qui sont complexes, des produits de sécurité, des produits où l’on doit agir vite et donc ne pas laisser le doute.
D’un point de vue du design, comment intégrez-vous l’héritage de Schneider Electric, son excellence technique et sa capacité à innover ?
Ces trois éléments, nous les avons synthétisés dans trois valeurs, qui représentent le passé, le présent et le futur de Schneider. La première de ces valeurs est la fiabilité, car il s’agit de sécurité et il est important de ne pas mettre en danger nos utilisateurs.
La deuxième valeur est la facilité d’usage : facile à utiliser, facile à configurer, facile à installer… En tant que designer notre travail est d’exprimer cette facilité d’usage c’est donc la valeur que nous appelons « easy to use ». Enfin, la dernière, élément différenciant, notre spécificité, c’est l’ingéniosité. L’ingéniosité parce que cela partage la même étymologie que le mot ingénieur et que la façon de faire de l’ingénierie en France n’a pas toujours été la même que dans d’autres cultures. Cette ingéniosité c’est généralement une astuce, quelque chose qui est vraiment fort dans le produit et qu’on va caractériser par la couleur verte qui fera le lien avec la marque Schneider qui utilise aussi cette couleur. C’est un élément de signature transversale sur nos produits et non juste un élément graphique qui, de manière plus ou moins affirmée, mettra l’accent sur quelque chose d’ingénieux, pour caractériser cette spécificité.
Pouvez-vous nous parler des raisons qui vous ont poussées à faire évoluer le design de la gamme Ovalis ?
Ovalis, lancé il y a dix ans, était un peu une pépite oubliée. La volonté de ce premier modèle était d’avoir un objet durable, robuste, avec une signature marquée qui soit reconnaissable. Le tout pour adresser le marché des immeubles collectifs, du grand public, le tout à un prix très accessible. Sans être péjoratif, c’était notre premier niveau de gamme pour adresser ce type de clientèle en leur proposant du design pour tous. Ce n’est pas parce que ce produit était très accessible qu’il ne devait pas être dessiné avec la même idée derrière, c’est-à-dire la Bi-Face strategy. Ovalis a vécu dix ans comme cela et aujourd’hui c’est une belle signature parce que c’est un produit que nous avons retrouvé dans le « Do-It-Yourself », donc dans les magasins de grande distribution de bricolage et même dans des projets d’architectes. C’est avec ce produit et ce design différenciant que nous sommes entrés dans ces magasins-là. C’est là que ces clients ont été interpellés. Après ces dix années passées par Ovalis sur le marché, nous avons compris c’est que cette signature était véritablement une pépite.
Nous avons donc abordé ce nouvel Ovalis forts des enseignements de ces 10 années d’expérience. Le premier Ovalis séduisait par sa signature design, même si elle était un peu trop marquée. Comment garder cette signature en la rendant encore plus universelle ?
Deuxième défi : adapter la robustesse d’Ovalis au monde nouveau, dans lequel la légèreté prime. La générosité initiale d’Ovalis n’était plus dans l’air du temps, ce qui est parfaitement normal pour un produit qui est sur le marché depuis 10 ans.
Partant de ces deux constats, nous nous sommes demandé comment renouveler Ovalis. Nous avons gardé l’ADN de la forme oblongue au milieu, qui est sa signature. Nous avons à nouveau travaillé sur cette seconde version avec « Normal Studio » (qui avait déjà dessiné la première génration d’Ovalis) et nous nous sommes demandé comment le faire évoluer dans l’optique que cette nouvelle version puisse, elle aussi, rester au moins 10 ans sur le marché.
Aujourd’hui, la verticalité typique d’Ovalis se retrouve dans son cadre, avec un design flottant qui le rend plus léger. Il est un peu plus grand que l’ancien, il a donc un peu plus de prestance au mur. Nous avons retravaillé les finitions et les matériaux pour qu’ils soient encore plus doux, mais sans être salissants. Qu’il ne soit pas brillant, avec ce côté un peu « cheap » du brillant, salissant. Nous avons choisi une texture un peu talquée, poudrée, très velours.
Nous avons tout simplement fait un produit plus architecturé.
Il est plus simple, moins maniéré, avec une signature plus radicale. Nous avons enlevé tous les gimmicks esthétiques qui existaient. Nous l’avons nettoyé et nous l’avons aplati. Nous en avons fait un objet qui a renforcé une belle signature, qui est reconnaissable entre tous, mais qui a aussi de la prestance et qui donne donc de la personnalité à son usage.
Sur quels autres points ce nouvel Ovalis évolue-t-il par rapport à la version précédente ?
L’intérêt de renouveler cette gamme c’est aussi d’amener des choses qui nous manquaient dans l’ancienne. Nous avons donc amélioré toute la partie installation, avec un retravail de la fixation du cadre esthétique sur le mur avec la partie technique pour que cela se passe encore mieux. Et bien entendu, aujourd’hui, nous ne pouvons imaginer un monde non connecté, et la solution connectée aujourd’hui chez Schneider Electric appelle Wiser.
Ovalis va donc servir cet écosystème avec des interrupteurs et des prises connectés, qui seront pilotables dans l’application Wiser fournie par Schneider Electric. Bien entendu, il y a aussi des fonctions techniques qui sont arrivées avec le changement de paradigme entrainé par la crise sanitaire. Covid. Nous avons par exemple réalisé qu’il était important d’amener l’USB-C en 65 watts, pour faciliter le télétravail. Nous n’avons pas voulu non plus sacrifier la prise 220V, nous avons donc gardé les deux et fait une prise combinée.
Avec l’équipe nous avons aussi bien sûr intégré la dimension de l’éco conception et une l’application des principes de l’économie circulaire. Les engagements du groupe Schneider Electric pour la réduction des émissions de CO2 sont notre ADN et c’est important, lorsqu’on conçoit un produit en tant que designer, de penser aux enjeux d’un monde décarboné. Toute la partie packaging va donc être faite sans plastique avec 70 % de carton recyclé, des encres à base d’eau et un de matériaux. Dans un chantier, ce que l’on jette le plus ce sont les emballages et c’est ce qui prend le plus le temps aux électriciens (pour déballer les produits. Ils n’ont désormais plus à trier, tout se jette au papier et c’est encore plus facile à déballer, car plus simple.
Sur les appareils eux-mêmes, toute une réflexion a été faite avec les équipes des achats, les spécialistes des matériaux, les spécialistes à l’usine, ainsi que la « Supply chain ». Comment s’approvisionner en matériaux émettant moins de CO2, sans faire de greenwashing ?
L’idée était donc de travailler avec un minimum de 65% de plastiques recyclés dans la composition de l’appareillage Ovalis. Ce qui nous a permis d’obtenir la certification « Cradle to Cradle » et la certification interne « Green Premium », qui est notre label d’écoconception.
Cela nous permet d’économiser de nombreuses tonnes de CO2 et de proposer des produits qui ont une très longue durée de vie quand ils sont installés.
À quelles évolutions peut-on s’attendre concernant la gamme Ovalis ?
Nous allons continuer d’enrichir cette gamme et il y aura sûrement de nouvelles technologies et de nouveaux usages qui vont être intégrés.
D’un point de vue esthétique une déclinaison de nouvelles finitions vont arriver l’année prochaine, avec une nouvelle façon d’amener un décor qui rendra le produit plus qualitatif, tout en restant accessible en termes de prix.
Concernant la stratégie globale d’appareillage chez Schneider Electric, quels sont vos projets ?
Les autres séries d’appareils que nous faisons chez Schneider sont positionnés sur d’autres segments. Notre maillon transversal reste la stratégie Bi-Face, elle s’applique donc sur les autres gammes également, parfois avec d’autres niveaux d’exigence et d’autres desseins par rapport au positionnement de ces produits. Elles seront toutes connectées, toutes durables dans leur conception et offriront des idées ingénieuses qui nous permettront de nous démarquer et de rendre la vie de nos clients encore plus facile, tant concernant l’installation que l’utilisation de ces produits. Nous sommes actuellement en train de protéger ces idées grâce à des brevets, pour continuer de proposer les meilleures solutions à nos clients.
Ajouter un commentaire