Le Pacte vert : une révolution industrielle face à une échéance

Le pacte vert pour l’Europe devra favoriser des changements majeurs dans la structure industrielle européenne. Passer d’une économie brune à une économie verte sera une transformation socio-économique majeure et historique.

Ce n’est pas un hasard si ce défi est souvent qualifié de « révolution industrielle face à une échéance », comme l’a déclaré le groupe de réflexion européen Bruegel. Dans ce contexte, la prochaine stratégie industrielle, qui sera présentée par la Commission européenne à la fin du mois d’avril, est de la plus haute importance.

La question fondamentale pour l’Europe est que sa puissance économique souffre de la combinaison de deux facteurs. Le premier facteur est un déclin industriel relatif par rapport au reste du monde (la part de la production manufacturière représente aujourd’hui moins de 15 % du PIB de l’Union Européenne, contre 20 % il y a 30 ans).
Le deuxième, selon le McKinsey Global Institute, est que l’« Europe était le moteur mondial de l’innovation, mais elle a largement perdu son avantage ».

Selon les données, l’Europe a été comparativement lente dans son adaptation à la transformation digitale de l’économie mondiale. Fin 2017, seulement 24 % des entreprises avaient adopté l’analyse des Big Data, 16 % avaient intégré la robotique et les machines automatisées, et seulement 5 % d’entre elles travaillaient avec l’intelligence artificielle ou l’impression 3D (rapport du European Policy Strategy Center). Alors qu’en 2001, 5 des 10 premiers fabricants de cellules solaires provenaient d’Europe, depuis 2018, il n’y en a plus aucun.

La fragmentation est au cœur des problèmes de l’Europe ; on retrouve une multitude d’initiatives de politiques industrielles vertes entreprises aux niveaux régional, national et européen. Ces initiatives ne sont généralement pas coordonnées et peuvent même entrer en conflit. Une politique industrielle verte, intelligente, ciblée et harmonisée dans toute l’Europe, aiderait à stabiliser l’industrie européenne. Elle permettrait également de placer l’Europe en leader technologique en termes de procédés et de produits neutres en carbone.

L’Europe a de nombreux atouts qui contribueraient à l’établissement d’une position de leader dans les domaines de l’environnement et de la transition énergétique : l’expertise de sa base d’ingénierie, des financements importants et une volonté politique claire de conduire le changement. L’Europe abrite encore de nombreux leaders mondiaux dans le domaine des technologies vertes (fabricants de turbines, secteurs de l’électricité, gestion de l’énergie, économie circulaire, industrie automobile, etc.).

Les gouvernements européens augmentent également rapidement leur niveau de soutien. La combinaison d’incitations fiscales fortes (le « Pacte vert » de l’Union Européenne) et des programmes de soutien financier (le plan de relance de l’Union Européenne, 37 % des 750 milliards d’euros disponibles pour alimenter le « Pacte vert ») peut faire la différence. Par exemple, l’Europe augmente ses investissements dans la production de batteries : plus de 30 gigafactories sont prévues d’ici 2030 et d’autres devraient être annoncées. Mais c’est encore loin de l’objectif chinois : environ 140 gigafactories.

La révolution verte est une tâche gigantesque et extrêmement capitalistique. Selon la Banque Européenne d’Investissement, réduire de 55 % les émissions de CO2 d’ici à 2030 coûterait environ 350 milliards d’euros supplémentaires par an.

L’Union Européenne a la capacité de transformer son industrie en s’intéressant à trois domaines complémentaires.

D’abord, l’Union Européenne doit travailler en étroite collaboration avec les parties prenantes (secteur privé, syndicats, régions) pour accélérer la voie de la décarbonation et le niveau d’intégration du marché unique européen dans le domaine de la durabilité. Les alliances européennes ont été un modèle de réussite, en particulier lorsqu’elles combinent le marché et les systèmes réglementaires (par exemple, dans le cas de l’initiative européenne sur les piles).

Ensuite, la politique industrielle verte a besoin d’innovation. Dans le monde, des industries traditionnellement fortes perdent du terrain au profit de jeunes entreprises technologiques. Les opportunités sont plus importantes pour ceux qui maîtrisent une présence plus « systémique » dans des secteurs comme l’approvisionnement d’énergie, les transports et la mobilité modernes, ou la production alimentaire. L’Europe doit soutenir les acteurs du marché qui fournissent le déploiement de technologies clés (par exemple, batterie, production distribuée, circularité, digital) et de nouveaux modèles économiques (par exemple, plateforme IIoT, services).

Enfin, il est important de renforcer les chaînes de valeur de l’Europe d’un point de vue international. L’Allemagne, l’Europe centrale, la Scandinavie et le Benelux tirent généralement au moins 50 % de leur PIB de l’exportation, et la production d’exportation représente également plus de 15 % des émissions de GES de l’Union Européenne.

L’Europe doit uniformiser les conditions de concurrence pour les technologies à faible intensité de carbone au niveau international.

Malgré l’ampleur et la complexité de la tâche, une industrie neutre en carbone est réalisable et offre une grande opportunité de compétitivité. Si cela est bien conduit, et d’ici à 2030, le pilier industriel du pacte vert peut contribuer à mieux reconstruire les fondations industrielles de l’Europe.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre page SM AirSeT ou contactez notre expert 

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